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Le noir démon des combats
Va quitter cette contrée
Nous reverrons ici-bas
Régner la déesse Astrée
Délivre ce beau séjour
De leur brutale furie
Et ne permet qu'à l'amour
D'entrer dans la bergerie.
Et que nous passions les jours
Etendus sur l'herbe tendre
Prêts à conter nos amours
A qui voudra les entendre.
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Led Zeppelin, album ' Led Zeppelin II', track .3 ' The lemon song'.
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Ceux qui savent s'observer eux-mêmes et qui gardent la mémoire de leurs impressions, ceux-là qui ont su, comme Hoffmann, construire leur baromètre spirituel, ont eu parfois à noter, dans l'observatoire de leur pensée, de belles saisons, d'heureuses journées, de délicieuses minutes. Il est des jours où l'homme s'éveille avec un génie jeune et vigoureux. ses paupières à peine déchargées du sommeil qui les scellait, le monde extérieur s'offre à lui avec un relief puissant, une netteté de contours, une richesse de couleurs admirables. Le monde moral ouvre ses vastes perspectives, pleines de clartés nouvelles. L'homme gratifié de cette béatitude, malheureusement rare et passagère, se sent à la fois plus artiste et plus juste, plus noble, pour tout dire en un mot. Mais ce qu'il y a de plus singulier dans cet état exceptionnel de l'esprit et des sens, que je puis sans exagération appeler paradisiaque, si je le compare aux lourdes ténèbres de l'existence commune et journalière, c'est qu'il n'a été créé par aucune cause bien visible et facile à définir. Est-il le résultat d'une bonne hygiène et d'un régime de sage ? Telle est la première explication qui s'offre à l'esprit ; mais nous sommes obligés de reconnaître que souvent cette merveille, cette espèce de prodige, se produit comme si elle était l'effet d'une puissance supérieure et invisible, extérieure à l'homme, après une période où celui-ci a fait abus de ses facultés physiques. Dirons nous qu'elle est la récompense de la prière assidue et des ardeurs spirituelles? Il est certain qu'une élévation constante du désir, une tension des forces spirituelles vers le ciel, serait le régime le plus propre à créer cette santé morale, si éclatante et si glorieuse; mais en vertu de quelle loi absurde se manifeste-t-elle parfois après de coupables orgies de l'imagination, après un abus sophistique de la raison, qui est à son usage honnête et raisonnable ce que les tours de dislocation sont à la saine gymnastique? C'est pourquoi je préfère considérer cette condition anormale de l'esprit comme une véritable grâce, comme un miroir magique où l'homme est invité à se voir en beau, c'est-à-dire tel qu'il devrait et pourrait être ; une espèce d'excitation angélique, un rappel à l'ordre sous une forme complimenteuse. De même une certaine école spiritualiste, qui a ses représentants en Angleterre et en Amérique, considère les phénomènes surnaturels, tels que les apparitions de fantômes, les revenants, etc., comme des manifestations de la volonté divine, attentive à réveiller dans l'esprit de l'homme le souvenir des réalités invisibles.
D'ailleurs cet état charmant et singulier, où toutes les forces s'équilibrent, où l'imagination, quoique merveilleusement puissante, n'entraîne pas à sa suite le sens moral dans de périlleuses aventures, où une sensibilité exquise n'est plus torturée par des nerfs malades, ces conseillers ordinaires du crime ou du désespoir, cet état merveilleux, dis-je, n'a pas de symptômes avant-coureurs. Il est aussi imprévu que le fantôme. C'est une espèce de hantise, mais de hantise intermittente, dont nous devrions tirer, si nous étions sages, la certitude d'une existence meilleure et l'espérance d'y atteindre par l'exercice journalier de notre volonté. Cette acuité de la pensée, cet enthousiasme des sens et de l'esprit, ont dû, en tout temps, apparaître à l'homme comme le premier des biens; c'est pourquoi, ne considérant que la volupté immédiate, il a, sans s'inquiéter de violer les lois de sa constitution, cherché dans la science physique, dans la pharmaceutique, dans les plus grossières liqueurs, dans les parfums les plus subtils, sous tous les climats et dans tous les temps, les moyens de fuir, ne fût-ce que pour quelques heures, son habitacle de fange, et, comme dit l'auteur de Lazare, “ d'emporter le paradis d'un seul coup”. Hélas ! les vices de l'homme, si pleins d'horreur qu'on les suppose, contiennent la preuve (quand ce ne serait que leur infinie expansion !) de son goût de l'infini ; seulement, c'est un goût qui se trompe souvent de route. On pourrait prendre dans un sens métaphorique le vulgaire proverbe : Tout chemin mène à Rome, et l'appliquer au monde moral; tout mène à la récompense ou au châtiment, deux formes de l'éternité.
L'esprit humain regorge de passions ; il en a à revendre, pour me servir d'une autre locution triviale ; mais ce malheureux esprit, dont la dépravation naturelle est aussi grande que son aptitude soudaine, quasi paradoxale, à la charité et aux vertus les plus ardues, est fécond en paradoxes qui lui permettent d'employer pour le mal le trop-plein de cette passion débordante. Il ne croit jamais se vendre en bloc. Il oublie, dans son infatuation, qu'il se joue à un plus fin et plus fort que lui, et que l'Esprit du Mal, même quand on ne lui livre qu'un cheveu, ne tarde pas à emporter la tête. Ce seigneur visible de la nature visible (je parle de l'homme) a donc voulu créer le paradis par la pharmacie, par les boissons fermentées, semblable à un maniaque qui remplacerait des meubles solides et des jardins véritables par des décors peints sur toile et montés sur châssis. C'est dans cette dépravation du sens de l'infini que gît, selon moi, la raison de tous les excès coupables, depuis l'ivresse solitaire et concentrée du littérateur, qui, obligé de chercher dans l'opium un soulagement à une douleur physique, et ayant ainsi découvert une source de jouissances morbides, en a fait peu à peu son unique hygiène et comme le soleil de sa vie spirituelle, jusqu'à l'ivrognerie la plus répugnante des faubourgs, qui, le cerveau plein de flamme et de gloire, se roule ridiculement dans les ordures de la route.[...]
Charles Baudelaire, Les paradis artificiels, le goût de l'infini
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Led Zeppelin,album 'Led Zeppelin I', track 04 ' Dazed and confused'.
Rédigé à 21:19 | Lien permanent | Commentaires (0)
L'excellent Paolo Fresu nous parle musique et tout de suite moi je tombe sous le charme ... Ah! quel artiste et quel album que son ' Angel' ... voici donc une très belle vidéo , à mon gout of course, recuperée sur Youtube ( un grand merci au passage à l'internaute qui nous offre ce plaisir)
Rédigé à 22:43 | Lien permanent | Commentaires (1)
Rédigé à 21:49 | Lien permanent | Commentaires (0)
Avec cet extrait du roman de François Mauriac : ' Le noeud de vipères'...
Le Noeud de vipères (Grasset1933)
Louis, soixante-huit ans, rédige à l'intention de sa femme Isa, une lettre qui devra être découverte dans le coffre-fort... vide, après sa mort qu'il pressent proche. Quarante ans après son mariage, cette lettre, destinée à trôner à la place des titres convoités, devient le récit d'une vengeance longuement élaborée et la peinture féroce de la passion de la possession.
Le nœud de vipères, Chapitre III
Elle reprit, dès le lendemain, son aspect habituel. Ton père arriva de Bordeaux avec sa fille aînée et son gendre. On avait dû les tenir au courant. Ils me toisaient; je croyais les entendre, s'interroger les uns les autres: «Le trouves-tu sortable?...» «La mère n'est pas possible...» Je n'oublierai jamais l'étonnement que me causa ta sœur, Marie-Louise, que vous appeliez Marinette, ton aînée d'un an et qui avait l'air d'être ta cadette, gracile, avec ce long cou, ce trop lourd chignon, ces yeux d'enfant. Le vieillard à qui ton père l'avait livrée, le baron Philipot, me fit horreur. Mais depuis qu'il est mort, j'ai souvent pensé à ce sexagénaire comme à l'un des hommes les plus malheureux que j'ai jamais connus. Quel martyre cet imbécile a-t-il subi, pour que sa jeune femme oubliât qu'il était un vieillard! Un corset le serrait à l'étouffer. le col empesé, haut et large, escamotait les bajoues et les fanons. La teinture luisante des moustaches et des favoris faisait ressortir les ravages de la chair violette. Il écoutait à peine ce qu'on lui disait, cherchant toujours une glace; et quand il l'avait trouvée, rappelle-toi nos rires, si nous surprenions le coup d’œil que le malheureux donnait à son image, ce perpétuel examen qu'il s'imposait. Son râtelier lui défendait de sourire. Ses lèvres étaient scellées par une volonté jamais défaillante. Nous avions remarqué aussi ce geste, lorsqu'il se coiffait de son cronstadt, pour ne pas déranger l'extraordinaire mèche qui, partie de la nuque, s'éparpillait sur le crâne comme le delta d'un maigre fleuve.
Ton père, qui était son contemporain, en dépit de la barbe blanche, de la calvitie, du ventre, plaisait encore aux femmes et, même dans les affaires, s'entendait à charmer. Ma mère seule lui résista. Le coup que je venais de lui porter l'avait peut-être durcie. Elle discutait chaque article du contrat comme elle eût fait pour une vente ou pour un bail. Je feignais de m'indigner de ses exigences et la désavouait - secrètement heureux de savoir mes intérêts en bonnes mains. Si aujourd'hui ma fortune est nettement séparée de la tienne, si vous avez si peu de prise sur moi, je le dois à ma mère qui exigea le régime dotal le plus rigoureux, comme si j'eusse été une fille résolue à épouser un débauché.
Du moment que les Fondaudège ne rompaient pas devant ces exigences, je pouvais dormir tranquille: ils tenaient à moi, croyais-je, parce que tu tenais à moi.
Maman ne voulait pas entendre parler d'une rente; elle exigeait que ta dot fût versée en espèces.
- Ils me donnent en exemple le baron Philipot, disait-elle, qui a pris l'aînée dans
un sou... Je le pense bien! Pour avoir livré cette pauvre petite à ce vieux, il fallait qu'ils
eussent quelque avantage! mais nous, c'est une autre affaire: ils croyaient que je
serais éblouie par leur alliance: ils ne me connaissent pas...
Nous affections, nous, les «tourtereaux», de nous désintéresser du débat. J'imagine
que tu avais autant confiance dans le génie de ton père que moi dans celui de ma
mère. Et après tout, peut-être ne savions-nous, ni l'un ni l'autre, à quel point nous
aimions l'argent...
Non, je suis injuste. Tu ne l'as jamais aimé qu'à cause des enfants. Tu m'assassinerais,
peut-être, afin de les enrichir, mais tu t'enlèverais pour eux le pain de la bouche.
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