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Rédigé à 12:13 | Lien permanent | Commentaires (0)
Enfant, j'ai quelquefois passé des jours entiers
Au jardin, dans les prés, dans quelques verts sentiers
Creusés sur les coteaux par les boeufs du village,
Tout voilés d'aubépine et de mûre sauvage,
Mon chien auprès de moi, mon livre dans la main,
M'arrêtant sans fatigue et marchant sans chemin,
TantÔt lisant, tantôt écorçant quelque tige,
Suivant d'un oeil distrait l'insecte qui voltige,
L'eau qui coule au soleil en petits diamants,
Ou l'oreille clouée à des bourdonnements;
Puis, choisissant un gîte à l'abri d'une haie,
Comme un lièvre tapi qu'un aboiement effraie,
Ou couché dans le pré, dont les gramens en fleurs
Me noyaient dans un lit de mystère et d'odeurs,
Et recourbaient sur moi des rideaux d'ombre obscure,
Je reprenais de l'oeil et du coeur ma lecture.
C'était quelque poète au sympathique accent,
Qui révèle à l'esprit ce que le coeur pressent;
Hommes prédestinés, mystérieuses vies,
Dont tous les sentiments coulent en mélodies,
Que l'on aime à porter avec soi dans les bois,
Comme on aime un écho qui répond à nos voix!
Ou bien c'était encor quelque touchante histoire
D'amour et de malheur, triste et bien dure à croire :
Virginie arrachée à son frère, et partant,
Et la mer la jetant morte au coeur qui l'attend!
Je la mouillais de pleurs et je marquais le livre,
Et je fermais les yeux et je m'écoutais vivre;
Je sentais dans mon sein monter comme une mer
De sentiment doux, fort, triste, amoureux, amer,
D'images de la vie et de vagues pensées
Sur les flots de mon âme indolemment bercées,
Doux fantômes d'amour dont j'étais créateur,
Drames mystérieux et dont j'étais l'acteur!
Puis, comme des brouillards après une tempête,
Tous ces drames conçus et joués dans ma tête
Se brouillaient, se croisaient, l'un l'autre s'effaçaient;
Mes pensers soulevés comme un flot s'affaissaient;
Les gouttes se séchaient au bord de ma paupière,
Mon âme transparente absorbait la lumière,
Et, sereine et brillante avec l'heure et le lieu,
D'un élan naturel se soulevait à Dieu,
Tout finissait en lui comme tout y commence,
Et mon coeur apaisé s'y perdait en silence;
Et je passais ainsi, sans m'en apercevoir,
Tout un long jour d'été, de l'aube jusqu'au soir,
Sans que la moindre chose intime, extérieure,
M'en indiquât la fuite, et sans connaître l'heure
Qu'au soleil qui changeait de pente dans les cieux,
Au jour plus pâlissant sur mon livre ou mes yeux,
Au serein qui des fleurs humectait les calices :
Car un long jour n'était qu'une heure de délices !
Alphonse de Lamartine,Recueil Jocelyn,extrait Enfant, j'ai quelquefois passé des jours entiers, 4eme époque.
Rédigé à 12:03 | Lien permanent | Commentaires (1)
A la faculté de medecine et de pharmacie, il est communément admis que les comprimés ne sont pas systématiquement des imbéciles diplomés.
Pierre Dac.
Rédigé à 18:34 | Lien permanent | Commentaires (3)
Il suffit de passer le pont.
C'est tout de suite l'aventure!
Laisse-moi tenir ton jupon,
Je t'emmène visiter la nature!
L'herbe est douce à Pâques fleuries...
Jetons mes sabots, tes galoches,
Et, légers comme des cabris,
Courons après les sons de cloches!
Dinn din don! les matines sonnent
En l'honneur de notre bonheur.
Ding ding dong! faut le dire à personne:
J'ai graissé la patte au sonneur.
Laisse-moi tenir ton jupon.
Courons, guilleret, guillerette,
Il suffit de passer le pont.
Et c'est le royaume des fleurettes...
Entre toutes les belles que voici.
Je devine celle que tu préfères...
C'est pas le coquelicot, Dieu merci!
Ni le coucou, mais la primevère.
J'en vois une blottie sous les feuilles.
Elle est en velours comme tes joues.
Fais le guet pendant que je la cueille:
"Je n'ai jamais aimé que vous!"
Il suffit de trois petits bonds,
C'est tout de suite la tarentelle,
Laisse-moi tenir ton jupon.
Je saurai ménager tes dentelles...
J'ai graissé la patte au berger
Pour lui faire jouer une aubade.
Lors, ma mie, sans croire au danger.
Faisons mille et une gambades.
Ton pied frappe et frappe la mousse...
Si le chardon s'y pique dedans,
Ne pleure pas, ma mie qui souffre:
Je te l'enlève avec les dents!
On n'a plus rien à se cacher.
On peut s'aimer comme bon nous semble.
Et tant mieux si c'est un péché:
Nous irons en enfer ensemble!
Il suffit de passer le pont.
Laisse-moi tenir ton jupon.
Georges Brassens,Il suffit de passer le pont.
Rédigé à 18:27 | Lien permanent | Commentaires (2)
Que nous sommes encor heureux et fiers de vivre
Quand le moindre rayon entr'aperçu là-haut
Illumine un instant les pauvres fleurs de givre
Que le gel dur et fin grava sur nos carreaux.
L'élan bondit en nous et l'espoir nous emporte,
Et notre vieux jardin nous apparaît encor
Malgré ses longs chemins jonchés de branches mortes
Vivant et pur et clair et plein de lueurs d'or.
Je ne sais quoi de lumineux et d'intrépide
Se glisse en notre sang et nous réincarnons
L'immense et plein été dans les baisers rapides
Qu'avec ardeur, à corps perdu, nous nous donnons.
Emile Verhaeren,Les heures du soir,Que nous sommes encor heureux et fiers de vivre.
Rédigé à 21:48 | Lien permanent | Commentaires (3)
Pourquoi craindrais-je de le dire ?
C'est Margot qui fixe mon goût :
Oui, Margot ! cela vous fait rire ?
Que fait le nom ? la chose est tout.
Margot n'a pas de la naissance
Les titres vains et fastueux ;
Ainsi que ses humbles aïeux,
Elle est encor dans l'indigence ;
Et pour l'esprit, quoique amoureux,
S'il faut dire ce que j'en pense,
À ses propos les plus heureux,
Je préférerais son silence.
Mais Margot a de si beaux yeux,
Qu'un seul de ses regards vaut mieux
Que fortune, esprit et naissance
Quoi ! dans ce monde singulier,
Triste jouet d'une chimère,
Pour apprendre qui me doit plaire,
Irai-je consulter d'Hozier ?
Non, l'aimable enfant de Cythère
Craint peu de se mésallier :
Souvent pour l'amoureux mystère,
Ce Dieu, dans ses goûts roturiers,
Donne le pas à la Bergère
Sur la Dame aux seize quartiers.
Eh ! qui sait ce qu'à ma maîtresse
Garde l'avenir incertain ?
Margot, encor dans sa jeunesse,
N'est qu'à sa première faiblesse,
Laissez-la devenir catin,
Bientôt, peut-être, le destin
La fera Marquise ou Comtesse ;
Joli minois, coeur libertin
Font bien des titres de noblesse.
Margot est pauvre, j'en conviens :
Qu'a-t-elle besoin de richesse ?
Doux appas et vive tendresse,
Ne sont-ce pas d'assez grands biens ?
Trésors d'amour ce sont les siens.
Des autres biens, qu'a-t-on à faire ?
Source de peine et d'embarras,
Qui veut en jouir, les altère,
Qui les garde, n'en jouit pas.
Ainsi, malgré l'erreur commune,
Margot me prouve chaque jour
Que sans naissance et sans fortune,
On peut être heureux en amour. [...]
Pierre Choderlos de Laclos,Epître à Margot.
Rédigé à 21:44 | Lien permanent | Commentaires (0)
Rédigé à 16:14 | Lien permanent | Commentaires (1)
Alien, par Ridley Scott ...
Alien, par James Cameron...
Alien, par David Fincher...
Alien, par Jean-Pierre Jeunet...
Rédigé à 21:35 | Lien permanent | Commentaires (5)
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