« mars 2009 | Accueil | mai 2009 »
Qui est l'homme de couleur, le noir, le blanc ???
Cher frère blanc,
Quand je suis né, j'étais noir,
Quand j'ai grandi j'étais noir,
Quand je vais au soleil je suis noir,
Quand je suis malade je suis noir,
Quand je mourrai, je serai noir...
Tandis que toi homme blanc:
Quand tu es né tu étais rose,
Quand tu as grandi tu étais blanc,
Quand tu vas au soleil tu es rouge,
Quand tu as froid tu es bleu,
Quand tu as peur tu es vert,
Quand tu es malade tu es jaune,
Quand tu mourras tu seras gris...
Et après cela, tu as le toupet de m'appeler
"homme de couleur"!!!...
Léopold Sédar Senghor.
Rédigé à 22:28 | Lien permanent | Commentaires (1)
Rédigé à 21:17 | Lien permanent | Commentaires (0)
La Révolution des oeillets du 25 avril 1974.
Tôt Le 25 avril 1974, au Portugal,des capitaines en rupture avec le
système de Salazar se révoltent et prennent le pouvoir. La voix calme d'un
mystérieux « Commandement du Mouvement des Forces armées» transmise par les
radios de Lisbonne, Renascenta et Radio Clube donnant le signal de la révolte
aux capitaines mutins, exhorte les gens à rester chez eux et à garder leur
calme. C'est compter sans les sentiments de la population. Ne tenant aucun
compte de ces conseils, répétés à intervalles réguliers, ils envahissent les
rues et les places en se mêlant aux militaires. Le Premier ministre Marcelo
Caetano se réfugie dans la principale caserne de gendarmerie de Lisbonne où un
jeune capitaine de cavalerie, Salgueiro Maia, accepte sa reddition. Caetano, qui
avait succédé en 1968 au dictateur Antonio Salazar, victime d'une attaque
cérébrale (1899-1970), demande à remettre le pouvoir au général Antonio Spinola
« pour qu'il ne tombe pas dans la rue». Puis le successeur du dictateur, est mis
dans un avion avec un aller simple pour le Brésil. Seule la PIDE, la redoutable
police politique qui a entretenu la terreur durant cinquante ans de salazarisme,
oppose une résistance qui fera six morts. Elle est réduite durant la nuit. Toute
la journée, une foule énorme s'est massée au centre-ville, près du marché aux
fleurs, pour appuyer les rebelles de l'armée. Ce 25 avril 1974, c'est la saison
des oeillets.
Le lendemain, Spinola, le « général au monocle », annonce la formation
d'une Junte de salut national sous sa présidence, et lit la proclamation du
Mouvement des Forces armée (MFA) qui propose de rendre le pouvoir aux civils
après des élections libres et de mener la politique des « trois D » :
démocratiser, décoloniser et développer. Pour le Portugal, la page est tournée
presque sans effusion de sang. Indissociablement liées, la démocratisation et la
décolonisation allaient être accomplies avec le concours des partis politiques :
le Parti communiste, seul doté de fortes assises dans le pays, dirigé dans la
clandestinité par Alvaro Cunhal, le Parti socialiste, créé en Allemagne en 1973
par Mario Soares,ainsi que les nouveau-nés : Parti social démocrate (PSD,
libéral) et le Centre démocratique social (CDS,droite). Rentrés d'exil, Soares
et Cunhal vont célébrer ensemble, dans une ambiance fraternelle, la première
fête du 1er mai non interdite.
Le sort de la révolution se noue durant l'année 1975. D'un côté, le
général Spinola cherche à gagner du temps dans les colonies africaines.
Modernisant un vieux mythe salazariste, il verrait bien le maintien de "
l'empire portugais " sous forme d'une fédération. De l'autre, Mario Soares
commence à parler du " socialisme du possible ". Entendez la mise en place d'un
Portugal au capitalisme rénové, tourné vers l'Europe. Les communistes appuyés
sur les mouvements populaires dans la région de Setubal, dans l'Alentejo et au
sein de l'armée, veulent consolider les conquêtes démocratiques par des
conquêtes économiques et sociales. Enfin, au sein d'une armée délivrée de sa
hiérarchie salazariste, les surenchères de gauche, pour ne pas dire gauchistes,
font florès. Les affrontements les plus durs portent notamment sur la mise en
place ou non d'un syndicat unique. Les socialistes s'affrontent durement sur
cette question avec certains secteurs du MFA (Mouvement des Forces armées :
mouvement des militaires fidèles au 25 avril). Maria de Lourdes Pintasilgo (elle
fut premier ministre durant quelques mois a l'époque où le général Eanes était
président de la République) juge durement cette époque .
La tentative de coup de force du général Spinola, le 25 novembre 1975,
marque la fin de la première époque. Les formations de droite, organisées ou
non, sont battues comme en témoigne la grande vague de nationalisations des
banques et, dans la foulée, des terres et de l'essentiel des grandes entreprises
portugaises. S'ouvre une ère de provocations en tout genres y compris
gauchistes. Elles vont conduire à la chute des gouvernements, proches des
communistes, du général Gonçalves, à la division et à l'extinction du MFA, et
enfin à la mise en place d'un système politique et économique oscillant entre
une droite réputée modérée et un socialisme menant une politique libérale bien
tempérée. A la fin des années soixante-dix, l'économie portugaise est restructurée
pour la préparer à l'adhésion à l'Europe de 1986. Dans le même temps, des révisions
successives de la Constitution la vident de toutes ses conquêtes sociales
(nationalisations, réforme agraire, contrôle des banques, droit d'interventions des
salariés dans la gestion, etc.)...
Cette revolution a quand même permit de sortir le pays de la tyrannie de Salazar par la résistances des
soldats alliés aux civils. Pour une fois ce furent les soldats qui eurent l'idée de résistance en premier : Ils
furent les investigateurs de la révolution au lieu d'en être les opposants .
Rédigé à 12:01 | Lien permanent | Commentaires (2)
[...]
En vérité, l'individualisme est réellement le plus haut but. La moralité moderne consiste à se ranger sous le drapeau de son temps. Je considère que le fait par un homme cultivé, de se ranger sous le drapeau de son temps, est une action de la plus scandaleuse immoralité.
- Mais, parfois, Harry, on paie très cher le fait de vivre uniquement pour soi, fit remarquer le peintre.
- Bah ! Nous sommes imposés pour tout, aujourd'hui... Je m'imagine que le côté vraiment tragique de la vie des pauvres est qu'ils ne peuvent offrir autre chose que le renoncement d'eux-mêmes. Les beaux péchés, comme toutes les choses belles, sont le privilège des riches.
- On paie souvent d'autre manière qu'en argent...
- De quelle autre manière, Basil ?
- Mais en remords, je crois, en souffrances, en...ayant la conscience de sa propre infamie...
Lord Henry leva ses épaules...
- Mon cher ami, l'art du moyen âge est charmant, mais les médiévales émotions sont périmées... Elles peuvent servir à la fiction, j'en conviens... Les seules choses dont peut user la fiction sont, en fait, les choses qui ne peuvent plus nous servir... Croyez-moi, un homme civilisé ne regrette jamais un plaisir, et jamais une brute ne saura ce que peut être un plaisir.
- Je sais ce que c'est que le plaisir ! cria Dorian Gray. C'est d'adorer quelqu'un.
- Cela vaut certainement mieux que d'être adoré, répondit-il, jouant avec les fruits. Être adoré est un ennui. Les femmes nous traitent exactement comme l'Humanité traite ses dieux. Elles nous adorent, mais sont toujours à nous demander quelque chose.
- Je répondrai que, quoi que ce soit qu'elles nous demandent, elles nous l'ont d'abord donné, murmura l'adolescent, gravement ; elles ont créé l'amour en nous ; elles ont droit de le redemander.
- Tout à fait vrai, Dorian, s'écria Hallward.
- Rien n'est jamais tout à fait vrai, riposta lord Henry.
- Si, interrompit Dorian ; vous admettez, Harry, que les femmes donnent aux hommes l'or même de leurs vies.
- Possible, ajouta-t-il, mais elles exigent invariablement en retour un petit change. Là est l'ennui. Les femmes comme quelque spirituel Français l'a dit, nous inspirent le désir de faire des chefs-d'oeuvres, mais nous empêchent toujours d'en venir à bout.
- Quel terrible homme vous êtes, Harry ! Je ne sais pourquoi je vous aime autant.
[...]
Oscar Wilde,Le portrait de Dorian Gray_Extrait.
Rédigé à 10:54 | Lien permanent | Commentaires (6)
Rédigé à 22:19 | Lien permanent | Commentaires (5)
[...]
Nous savons peu de choses, mais qu'il faille nous tenir au difficile, c'est là une certitude qui ne doit pas nous quitter. Il est bon d'être seul parce que la solitude est difficile. Qu'une chose soit difficile doit nous être une raison de plus de nous y tenir.
Il est bon aussi d'aimer ; car l'amour est difficile. L'amour d'un être humain pour un autre, c'est peut-être l'épreuve la plus difficile pour chacun de nous, c'est le plus haut témoignage de nous-mêmes ; l'oeuvre suprême dont toutes les autres ne sont que les préparations. C'est pour cela que les êtres jeunes, neufs en toutes choses, ne savent pas encore aimer ; ils doivent apprendre. De toutes les forces de leur être, concentrées dans leur coeur qui bat anxieux et solitaire, ils apprennent à aimer. Tout apprentissage est un temps de clôture. Ainsi pour celui qui aime, l'amour n'est longtemps, et jusqu'au large de la vie, que solitude, solitude toujours plus intense et plus profonde. L'amour, ce n'est pas dés l'abord se donner, s'unir à un autre. Que serait l'union de deux êtres encore imprécis, inachevés, dépendants ?
L'amour, c'est l'occasion unique de mûrir, de prendre forme, de devenir soi-même un monde pour l'être aimé. C'est une haute exigence, une ambition sans limite, qui fait de celui qui aime un élu qu'appelle le large. Dans l'amour, quand il se présente, ce n'est que l'obligation de travailler à eux-mêmes que les êtres jeunes devraient voir. Se perdre dans un autre, se donner à un autre, toutes les façons de s'unir ne sont pas encore pour eux. Il leur faut d'abord thésauriser longtemps, accumuler beaucoup. Le don de soi-même est un achèvement : l'homme en est peut-être encore incapable."
Rainer Maria Rilke,Lettres à un jeune poète_Extrait.
Rédigé à 22:15 | Lien permanent | Commentaires (0)
Les commentaires récents