Femme j'étais et sur mon corps délicat j'accueillais mon maître,
comme un instrument à cordes sensible accueille le joueur virtuose,
afin que d'étoiles aiguës et menues étincelle mon sang,
de ma plante des pieds tendre et chatouilleuse à la racine de mes cheveux,
fourmillante armée au fond de mes coquillages aux capillaires bleus,
entre-cuisses, cou, lobe d'oreille, paume, tout donnait et tout prenait miel,
nombre de berceaux angéliques à l'abri dans mon ventre fier
s'ouvraient de volupté, mes seins excités se tendaient,
ma croupe allait sa danse, ardente buée sur mes yeux et mes lèvres,
exténuement fiévreux, ma douce peau en pleurait des perles,
par ma bouche oubliée béante bondissait au-dehors mon coeur
ô que j'envie la pute infâme ! à présent que je ne suis qu'un homme.
Sandor Weöres,XENIIE_Extrait.
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